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Race Across France 2500km 2024 : l’épopée d’une traversée

Le contexte est posé, l’année 2024 marquait une évolution de distance pour moi avec une participation à la Race Across France 2500km. Découvrez mon récit de course de cette traversée de la France en vélo.

Qu’est ce que la Race Across France 2500km

La Race Across France est une course d’ultradistance organisée par Arnaud Manzanini, qui fait partie du calendrier des Race Across Series. Dans ce calendrier vous retrouverez différents formats de distance couverts sur 5 évènements dans l’année entre la Belgique, Paris, France, Suisse et le Québec.

Le concept de la Race Across France 2500km, c’est une course en semi autonomie. Semi-autonomie car sur le parcours sont réparties différentes base de vies qui permettent de se restaurer, de se doucher, de dormir, de réaliser quelques entretiens techniques du vélo. De plus, sur deux d’entres nous avions la possibilité d’y déposer un dropbag avec les affaires de notre choix à l’intérieur. Pour le reste de l’épreuve, la RAF 2500km est une épreuve d’ultradistance en autonomie où chaque concurrent doit se débrouiller seul, sans aide extérieure. A cela s’ajoute l’interdiction du drafting et bien évidemment si la trace doit être abandonnée alors elle doit être reprise à ce même endroit (peu importe les kilomètres en plus). Pour l’édition de la Race Across France 2024, il était possible de s’inscrire sur l’une de ces différentes distances : le 2500km, le 1000km, le 500km, le 300km ou la nouveauté de 2024 le 200km de nuit. Chaque parcours avait une ville départ propre mais ils empruntaient tous les mêmes tracés afin que des participants des divers courses puissent se retrouver sur la route.

Comme de très nombreuses épreuve d’ultradistance, chaque participant est équipé d’une balise GPS qui assure à la fois son suivi pour l’organisation mais aussi sa sécurité. Il était donc possible de suivre l’ensemble des participants depuis le site racemap. Récap du suivi live de l’édition 2024 !

Le parcours de la Race Across France 2024

Le parcours de l’édition 2024 de la Race Across France marquait un vrai changement car pour la première fois la course allait traverser le massif montagneux des Pyrénnées. Le départ était organisé depuis Lille, au sein du Btwin village puisque que Van Rysel est le partenaire principal de la course. L’arrivée, elle ne changeait pas par rapport aux éditions précédentes et l’objectif était toujours de ralier le sud et notamment Mandelieu-la-Napoule pour être officiellement Finisher de la Race Across France.

La première partie de la course consistait en une grande traversée en diagonale de la France par l’est parisien et l’Yonne, puis une traversée du Massif central au sein des Puy d’auvergne et des massifs cantaliens dont le Pas de Peyrol – Puy Mary. Puis redescente le long de la valée du Lot et des l’arrière pays basque pour rejoindre la 2ème base de vie à Anglet après 1500km (lieu de départ du 1000km). Le plus fort du dénivelé était ensuite condensé au sein de la traversé des Pyrénnées avec un enchaînement de 4 cols : Ahusquy, Marie-Blanque, Spandelles et le Tourmalet.

S’en suivait ensuite une longue traversée de l’Occitanie et de l’Hérault pour rejoindre la provence et attaquer le mythique Mont Ventoux depuis Malaucène et enfin une traversée des Gorge du Verdon pour rejoindre l’arrière pays et plonger sur Mandelieu-la-Napoule.

Au total c’était un peu plus de 2500km qui nous étaient réservés car la trace faisait officiellement 2595km et 31500m de dénivelé positif.

Download file: Race-Across-France-2500km.gpx

Journée de départ : Patience et anxiété

Après avoir passé la journée sur le village départ pour assurer les contrôles des vélos, du matériel obligatoire et le briefing, il s’agissait surtout de savoir patienter sans perdre trop d’influx nerveux avant le début des départs. C’est une journée assez compliquée à gérer d’un point de vue restauration, hydration mais surtout repos car avec un départ en fin de journée nous savions tous qu’une nuit blanche sur le vélo nous attendait. Malgré toutes ces informations et en connaissance de cause, cette journée à la fois longue et stressante m’a mis à rude épreuve nerveusement et une forte migraine prennait le dessus au fil des heures. Il me tardait d’être laché pour relacher toute cette accumulation de stress. Mon numero de dossard marquait mon heure de départ. C’est donc à 21h33min et 30 sec que l’aventure allait commencer pour moi en ce jeudi 20 juin 2024. Je m’élançais en tant que 60ème concurrents ce qui me plaçait dans le second quarts des participants car nous étions environ 200 à nous élancer.

Partie 1 : Traverser les plaines et la pluie

La chance était avec nous pour ce début d’épreuve. Malgré les orages qui étaient annoncés sur Lille pour la soirée du jeudi du 20 Juin, nous avons pu passer à travers les goutes et éviter de directement partir les affaires mouillées. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le vent était en notre faveur et allait nous pousser toute la nuit vers la Seine et Marne. Je me disais que ce vent pouvait être un gros piège et je ne souhaitais pas me laisser avoir par l’excitation de partir trop fort et trop vite. J’ai donc pris un rythme que je maitrisais sans forcer mais qui me permettait d’avancer à bon allure 27-30km/h. Cela reste tout de même démantiel pour une allure d’ultradistance et d’autant plus quand on sait que 2500km nous attendent. Malgré ce rythme soutenu, j’ai pu apprécier durant cette première nuit voir passer les avions de chasses de la course à des allures de 40-45km/h. Mon objectif était de ralier la 1ère base de vie au km 270 à Lizzy-sur-Ourcq pour m’octroyer mes premières heures de sommeil. La nuit fut rude et la fatigue me frappa vers 3h30 du matin ce qui m’obligea à m’arrêter dans un cimetière pour faire une pause ravitaillement afin de reveiller le corps et reprendre la route 10 minutes après. A 7h, j’ai donc atteins la 1ère base de vie juste avant quelques goutes de pluie. Il me restait à résoudre la problématique de mon mal de crane qui ne m’avait pas quitté de la nuit. Porté par l’adrénaline de la course je ne souhaitais plus dormir mais avancer. Mais savoir s’écouter est souvent la clé de la réussite en ultra et j’ai donc tout de même décidé de m’accorder 40min de sieste allongé au milieu d’un vestiaire directement sur le carrelage. Cela peut sembler inconfortable, je le conçois, mais 40 minutes plus tard la migraine avait disparu et je prenais enfin plaisir à me dire que l’aventure commençait réellement.

Durant ces 40 minutes, force est de constaté qu’un élément perturbateur avait fait son apparition : la pluie… Et cette dernière avait bien décidé de ne pas nous quitter de si tôt. C’est donc sous le déluge que j’ai repris la route sur le coup de 8h30. Difficile de se projeter lorsqu’il pleut car le vitesse est ralenti et qu’on ne sait pas comment le corps va réagir. Egalement c’est un élement très ennuyeux pour la gestion des irritations dans le cuissard car ce dernier devient vite trempé et sudation + humidité ne fait jamais bon mélange. L’Yonne s’est donc présenté à moi comme une longue traversée du vide, enchaînant de très longues lignes droites sans fin, des traversées de forêts sans en voir la fin et enfin un chemin de haillage. C’est clairement ce dont je redoutais sur le parcours … le combo piste cyclable et pluie. Avec le poids de nos sacoches, ajouté à notre poids c’est le meilleur moyen de crever roue arrière. Et je ne fut guère surpris de remonté une multitude de concurrents tous arrêtés à réparer des cevaisons sur ces 30km. Ma stratégie pour passer ce moment sans encombre : tout faire en danseuse … Autant dire que 30km de danseuse en continu c’est d’une atrocité sans nom pour les cuisses et les genoux. Stratégie payante car je passais à côté des crevaisons et je voyais enfin la sortie de ce chemin. Et bim … à 200 mètres de la fin du chemin c’est une crevaison qui m’attendait mais de la roue avant. Réparation illico presto et je repartais avec pour objectif la base de vie n°2 située à Geugnon au km 620. La vie d’un ultracycliste sur son vélo c’est calculer et recalculer encore et encore toute les projections de vitesse pour connaître son point de chute. C’est la que je déterminais qu’une arrivée tardive était possible mais cela me permettait de dormir sur la base de vie avec un toit, de la chaleur et un ravitaillement.

Les premiers dénivelés apparurent à proximité du Morvan et c’est ici que j’ai pu commencer à exprimer mon plein potentiel. Surpris, car je n’avais pas l’impression d’avoir un rythme si élevé, j’ai commencé à remonter un par un les concurrents qui avaient surement trop forcé la première nuit et payaient dès à présent les efforts trop soutenus des premières heures. A 00h30, et après avoir traversé quelques villages qui fêtaient allégrement la fête de la musique j’ai rejoins la base de vie à Geugnon pour m’offrir une première douche et un premier sommeil de 2h30. Frolant l’hyperglycémie suite à un ravitaillement avec un peu trop d’entrain j’ai pu reprendre des forces et accumuler des heures de sommeil avant de repartir pour les pentes du massif central. En l’espace de 27h de course je venais de couvrir les 620 premiers kilomètres ce qui consituait clairement un nouveau record de kilomètres sur une journée pour moi. Cette seconde journée commençait de la meilleure des façon sous un beau lever de soleil. Mais rapidemment la pluie me rappelait qu’elle n’avait pas décidé de me quitter et j’alternais entre portions sèches et fortes averses. L’approche du massif central était roulante et les kilomètres s’enchainaient jusqu’à l’arrivée à Clermont-Ferrand où les premiers fort pourcentages arrivèrent. La montée de la Croix Morrand fut épique avec un vent de face par rafalles et un déluge de pluie et de grêle. La descente en fut tout autant avec une arrivée frigorifiée à Mont Dore qui me força à m’arrêter 30 minutes dans un café pour me changer et retrouver un peu de chaleur sous les yeux des touristes ébais par le fait de croiser autant de cycliste sur une course par un tel temps. La fin de soirée prenait pour objectif de vite s’extraire du Cantal en passant le Puy Mary car d’expérience je savais que la nuit serait très fraiche dans le Cantal. A 22h j’atteignais le sommet du Puy Mary et l’horizon de rejoindre Aurillac pour me restaurer s’amenuisait au vu de l’heure. C’est alors que dans la descente du col de Neronne, à la lueur d’une faible lumière je toquais à la porte d’une auberge pour demander des restes alimentaires. Quelle bonne idée ! Je découvris une charmante hôte qui me proposa de relancer ses cuisines pour me faire un aligot saucisse et de me proposer une chambre. Il m’en fallait pas moins pour accepter et passer la nuit au chaud même si le plan de rejoindre Aurillac tombait à l’eau. Mais une bonne nuit au chaud, permettant de sécher les affaires pour repartir de bonne heure était surement un bien meilleure stratégie.

Partie 2 : Retrouver le soleil dans le Lot

La 3ème journée commence donc en haut du col de Néronne à 5h du matin. Beaucoup de concurrents me sont repassés devant durant la nuit. Mais j’ai vite compris que mon choix avait été le plus judicieux car j’en retrouvais de très nombreux frigorifiés dans les rues d’Aurillac dans l’incapacité de se réchauffer. Pour ma part, je vais surement entamer l’une de mes meilleures journées en longeant le Lot à une moyenne de 30km/h sur de très nombreuses portions. Je comprends alors que la stratégie de dormir plus pour rouler plus vite est surement celle qui me convient et me permet de faire des belles journées. Je vais donc avaler les kilomètres en cette troisième journée pour atteindre Grenade sur l’Adour. Cette nuit là sera un campement de fortune que je vais trouver vers 2h du matin dans des toilettes publiques abrités. Le temps de sortir mon bivy et de me glisser dans mon drap de soie je commence à attendre quelques concurrents qui semblent aussi à la recherche d’un spot pour dormir ou du moins se reposer. Je décide de ne pas trop m’attarder dans cet endroit d’autant que la fraicheur de la nuit et le sol froid et dur me réveillent avant mon alarme. Il est donc 4h30 et je range mes affaires pour repartir. L’objectif est simple, rejoindre au plus vite la base de vie d’Anglet au kilomètre 1500, pour y terminer ma nuit dans un campement bien plus agréable et me ravitailler. Je sors à peine de mon abri de fortune que je vois un concurrent venir me demander si la place pour dormir est libre. En réalité je ne le saurai qu’après mais nous étions 4/5 personnes à dormir dans ce village. La matinée dans l’arrière Pays Basque est difficile. J’ai du mal à me mettre en route et les kilomètres me semblent interminables. J’enchaine les bosses avec des pourcentages dans un épais brouillard qui humidifie toutes mes affaires et me donne froid par la même occasion. L’arrivée sur Bayonne avant Anglet passe par une longue piste cyclable sur laquelle je ne vois pas le bout.. Il est finalement 10h quand je finis par atteindre la base de vie numéro 2. C’est l’effervescence sur cette base de vie car elle accueille le départ du 1000km dans la soirée et je peux donc y découvrir tous les participants qui viennent faire leur checking et contrôle du matériel. Je ne m’éternise pas sur cette agitation et je fonce profiter d’une bonne douche, et d’une sieste d’une petite heure pour reprendre des forces avant la montagne qui arrive. Cette base de vie est d’ailleurs l’occasion pour moi de recharger mon Di2 pour ne pas avoir de mauvaises surprises dans un col des Pyrénées. Je vois mes camarades de la nuit arriver petit à petit sur la base de vie. On le sent que la journée de transition entre le Massif Central et le Pays Basque a marqué les organismes. Nous sommes marqués par la fatigue mais l’euphorie de s’aventurer enfin dans les cols mythiques de la course nous fait garder le moral et l’envie de vite repartir. Il est 13h et je reprends le départ pour les Pyrénées.

Partie 3 : Affronter les pentes pyrénéennes

Les basques ont une façon bien à eux de tracer les routes sur les collines et cols. Pas besoin de faire de virage quand on peut monter tout droit. En voiture c’est certes efficaces mais en vélo c’est une belle occasion pour crier de nombreux noms de petits oiseaux contre les responsables de cette urbanisme. A peine sorti de Bayonne, je me retrouve donc vite dans le vif du sujet avec la cassette et le pédalier tout à droite. J’ai beau chercher cette fameuse dent supplémentaire, malheureusement elle n’existe pas et il faut donc monter en force. Les pentes avoisinants les 20/25% sont vraiment difficile entre la fatigue et le poids de mon vélo. A cela s’ajoute que le revêtement provoque des glissages de la roue arrière. Bref un bonheur vous l’aurez compris. Mais comme souvent, quand la route est difficile alors il suffit de regarder autour de soit et la beauté des paysages me fait oublier l’effort. Enfin dans une certaine mesure ! Au delà de ces nombreux tape culs comme on aime les appeler, le plat de résistance se compose de 4 cols à enchaîner : Ahusquy, Marie-Blanque, Spandelles et le Tourmalet. A la sortie de Saint-Jean Pied de Port se présente le premier de ces quatres cols : Ahusquy. Il s’agit surement d’un des cols les plus difficiles que j’ai fais jusqu’à présent. La pente est extrêmement pentue sur de long kilomètres où vous trouverez difficilement moins de 12%. La route n’est pas le meilleur revêtement possible et cela demande de mettre encore plus de puissance pour grapiller mètres après mètres. Après plus d’une heure et demie dans ce chantier j’atteins enfin le sommet et sa descente rapide et sinueuse. La journée est bien entamée et se fait longue depuis 4h30 se matin. Se pose alors la question du logement du soir. Je sais qu’il faut que pour enchaîner les Pyrénées je dois pouvoir faire des nuits de qualités. Je sens malgré tout qu’il me reste suffisamment d’énergie pour monter un col supplémentaire Marie-Blanque qui sur le papier ne semble pas si long. Je cherche donc un point de chute pour ma nuit après ce col et je vais tomber sur un petit gîte à Louvie-Jauzon. Mais avant ça je dois déjà traverser la vallée pour atteindre Escot et monter Marie-Blanque. En réalité j’ai bien sous-estimé la difficulté de ce col. Surement parce qu’aux écoutes des commentateurs sur le Dauphiné cette montée était jugée difficile mais correcte. Bon en réalité, on ne monte pas par le même versant et c’est bien là toute la différence. Depuis Escot c’est assez simple, un début de montée facile et roulant puis subitement les 4,5km derniers kilomètres tout droit sur une pente en moyenne de 12%. Une belle façon de finir ma journée me dis-je. Lors de mon appel au gîte, je m’étais engagé avec le propriétaire d’arriver avant la tombée de la nuit. Il est 20h30 et me voila au sommet de Marie-Blanque. Si je ne tarde pas je devrais même arriver légèrement en avance sur ma prévision ! Je m’élance dans la descente pleine balle et je grapille les kilomètres les uns après les autres. Bon je n’en ai pas encore parlé mais dans les Pyrénées les pâturages sont ouverts, cela implique de devoir redoubler de vigilance car des animaux peuvent donc se trouver au milieu de la route. C’est d’ailleurs ce que je vais découvrir dans cette descente avec des chevaux qui courent de chaque côté de la route dès lors que je les dépasse. J’arrive au gîtes juste avant la tombée de la nuit et à ma grande surprise, je découvre pleins de vélo de la RAF 2500km. Nous avons tous eu la même idée de venir dormir dans ce gîte. C’est donc un défilement de cycliste qui arrivent et d’autres qui repartent à tout heure de la nuit. Le propriétaire du gîte est ébahi par cette soirée qu’il n’avait pas vu venir et tous ces cyclistes qui ne font que l’appeler pour dormir quelques petites heures avant de repartir à tout moment dans la nuit ou au petit matin.

Pour ma part je repars le lendemain matin sur le coup de 4h. L’objectif est clair passer au plus vite le col de Spandelles et du Tourmalet avant les grosses chaleurs de la journée pour ne pas subir les ascensions. A mon départ je me fais rapidement doubler par un concurrent du 1000km. C’est le premier que j’aperçois sur la route et j’en conclus que d’autres ne devraient pas tarder à remonter sur nous les coureurs du 2500km. En réalité, je réalise que sur les cols je suis plus rapide que la grande majorité des concurrents et que je reprends souvent mes distances avec eux. Je rattrape donc le concurrent en plein milieu du col de Spandelles assez surpris par mon rythme d’ascension malgré les nombreux kilomètres que j’ai dans les jambes comparé à lui. Le col de Spandelles est d’ailleurs un col vraiment très agréable, on sent que l’on a quitté les pentes abruptes du Pays Basque pour des cols plus linéaires avec des pourcentages moindre même si cela reste de la haute montagne. Je vais donc rapidement le passer avant d’entamer la descente et me rapprocher du pied de l’un des mythes de la course : le Tourmalet. D’après mon Garmin la montée du Tourmalet commence juste après Argelès-Gazost et s’étend sur pas moins de 28km. En réalité le vrai panneau annonçant le début du col arrivera plus tard pour couvrir les 18km d’ascension que l’on connait si bien. Le Tourmalet n’est pas un col si difficile par ce versant. La grande difficulté réside surtout dans le rythme à trouver pour tenir son effort dans la distance qui nous ai imposé. Il y a certes quelques pentes un peu plus abruptes mais cela ne dure jamais très longtemps. Je prends donc mon rythme et je commence à remonter sur des concurrents qui semblent bien plus souffrir sur cette montée que moi. La chaleur commence à frapper et je me dis que les concurrents qui vont s’y aventurer dans les prochaines heures vont énormément souffrir. J’atteins le sommet du Tourmalet peu avant 11h30 et je me lance dans la descente avec pour objectif de rejoindre la base de vie 3, dans le bikeshop Chez Octave à Bagnères-de-Bigorres. Je me sens dans une bonne journée donc je ne vais pas m’éterniser sur cette base de vie. J’avale un plat de pâtes, quelques boissons pour me réhydrater et je me remets en route pour avancer au maximum dans cette journée. Je sais que l’après-midi va être chaud et long donc je cherche un tempo qui me permettent de tenir dans la durée. Paramètre que je n’avais pas anticipé, le vent à décider de nous compliquer la tâche et il se met à souffler plein face. Le revêtement des routes est assez mauvais et donc cette après-midi que je voyais comme une transition facile après les Pyrénées va vite devenir une atrocité. J’ai la sensation de ne pas avancer et mes plans (que je recalcule toutes les 5 minutes dans ma tête) commencent à s’éloigner de plus en plus. Malgré tout je continue mon chemin et je finis par m’arrêter à Mirepoix pour y passer la nuit. Une nuit plus longue que mes précédents pour recharger les batteries après cette longue journée de dénivelé le matin et de longue plaine l’après midi. L’objectif du lendemain est simple, rejoindre Pézenas la base de vie 4 au plus vite et aviser dans le reste de la journée pour se rapprocher du Mont Ventoux. Je vais donc avaler les routes de l’Hérault pour atteindre la base de vie 4 sur les coups de 12h. Je vais prendre le temps de manger cette fois et de reposer mon genoux. Car sur cette matinée, j’ai commencé à avoir des douleurs très vives à mon genou droit et cela me rend peu optimiste pour les kilomètres restant. Je sais que une grosse partie de l’aventure est déjà derrière moi et qu’il ne reste que 500km mais avec un genou douloureux cela peut vite devenir un calvaire.

Partie 4 : Combattre la chaleur de Provence et du Verdon

Après deux heures de pause, je reprends donc la route accompagné par deux concurrents. Les premiers kilomètres sont très rapides car la chance est avec nous et nous avons le vent de dos ce qui permet de bien avancer dans les longues lignes droites avant les gorges de l’Hérault. Malheureusement je vais devoir abandonner mes deux compagnons d’aventure car la douleur du genou réapparait vite et devient peu supportable. Je décide donc de faire un arrêt à la première pharmacie que je vais rencontrer. Je me fais conseiller de prendre des anti-inflammatoires mais surtout de prendre du repos. Les pharmaciennes sont un peu incrédules sur le parcours déjà réalisé et les kilomètres restant de ma course. Un peu tête brulée je ne vais écouter que le premier conseil de prendre des anti-inflammatoires et rapidement me remettre sur le vélo dans l’espoir de possiblement retrouver mes deux compagnons qui ont pris le large. En réalité l’un d’eux je vais vite le retrouver à l’arrêt chez un maraîcher en train de se ravitailler de fruits, surement un peu plombé par la chaleur de ce début d’après midi. Je vais également finir par remonter sur l’autre compagnon, Vincent, dans une bosse. A ce moment nous ne le savons pas encore mais nous allons passer de nombreux kilomètres à se tirer la bourre l’un et l’autre. Être à plusieurs dans cette journée est une vraie chance car cela permet de faire passer le temps bien plus vite et surtout de faire germer des idées d’avancement que je n’aurai surement pas fait en solo. Au fil de l’après midi, l’idée de passer le Mont Ventoux dans la nuit germe de plus en plus. Nous savons pertinemment que la montée se fera exclusivement de nuit mais le fait de savoir qu’une base de vie nous attend en bas de la redescente à Sault et que nous pourrons y trouver un sommeil de qualité au chaud nous pousse à vouloir le faire. Nous arrivons donc à Malaucène au pied du col, il est 00h30 quand nous débutons la montée. La montée est difficile car la fatigue nous frappe et le sommeil devient de plus en plus dur à repousser. Nous alternons chacun des techniques pour réveiller le corps entre sprint en montée, manger et forcer à se parler. A 2h00 du matin nous atteignons le sommet, seul dans le noir ce qui change énormément de la forte affluence qui est souvent présente au sommet. Nous avons le panorama sur toute la Provence qui s’offre à nous. Avant de plonger dans la descente nous prenons le temps de nous changer pour retirer nos affaires humides et bien se couvrir puis nous nous élançons. La descente est très facile sans courbes dangereuses, elle demande même de devoir pédaler pour garder sa vitesse. En moins de 30 minutes nous atteignons la base de vie de Sault, où les bénévoles nous aident gentiment à nous ravitailler et nous changer. Après quelques bouchées de riz, nous prenons nos quartiers sur les lits de camp pour nous reposer. Le lendemain s’annonce comme l’ultime journée sur le vélo si nous ne tardons pas trop. Nous prenons la route plutôt tard dans la matinée pour une course d’ultra vers 7h/8h. Sur cette première matinée je vais énormément souffrir et avoir du mal à me mettre dans le rythme. Vincent lui roule bien et fort et je lui suggère de prendre le large s’il le souhaite pour ne pas devenir un élément qui le ralenti. Petit à petit je vais me refaire, et nous allons pouvoir continuer ensemble dans le Verdon. La chaleur va devenir écrasante au fil de la journée avec pas moins de 44 degrés en ressentis en plein soleil. La difficulté du Verdon est de savoir gérer son hydratation car des nombreux villages sont fermés et les sources d’eau sont difficiles à trouver. Cependant le paysage des Gorges qui s’offre à nous est splendide. La traversée de la Gorge est incroyable mais très touristique en pleine journée. Il faut donc jongler avec les motards et les voitures qui font souvent des stops imprévus pour prendre une photo. Une fois la gorge passée nous avons que l’arrivée se dessine et qu’il ne nous reste plus beaucoup de kilomètres. Le compteur affiche moins de 80 kilomètres restant. Il reste certes quelques petites bosses à surmonter mais l’euphorie de l’arrivée prend le dessus. Depuis le début je rêvais d’arriver pour le coucher du soleil sur Mandelieu-la-Napoule et découvrir la mer méditerranée depuis les hauteurs. Cet objectif devient clairement atteignable et vient se greffer un dernier objectif de finir en moins de 7 jours. J’en informe Vincent que pour réussir ce défi il va falloir envoyer dans la dernière bosse. On se lance alors plein gaz dans la côte du Tanneron qui est l’ultime montée avant la descente sur Mandelieu. On explose nos moyennes de watts pour se faire mal et basculer le plus rapidement dans a dernière descente. De son profil de vététiste, Vincent prend les devants dans la descente pour tirer les lignes et je me mets dans la trace pour ne pas perdre contact avec sa roue. Les ultimes mètres sont de l’euphorie pure ! On sait que c’est fini, on arrive de jour et on va casser la barre des 7 jours. A cela s’ajoute un très beau classement de 15ème et 16ème de l’épreuve. Arnaud Manzazini nous attend sur la ligne d’arrivée pour nous remettre officiellement le trophée de finisher que nous préférons tous appeler le bout de bois. Ca y est, je deviens officiellement finisher de la Race Across France 2500km 2024 et je rejoins cette grande famille de l’ultra. Rapidement pleins de souvenirs se bousculent remémorant ces derniers jours sur le vélo et tout ce chemin parcouru.

Finisher en 6jours – 23heures et 30 minutes à la 16ème position !

Devenir Ultra-Ordinary

Comme aime le dire Arnaud, la Race Across France est une aventure qui vous rend ultra ordinaire. Certes le défi physique semble colossal mais en réalité il est ouvert à tous et je suis convaincu qu’avec un peu d’entraînement tout le monde pourrait y arriver. Pour ma part je n’ai jamais douté de pouvoir finir cette course, je m’étais entraîné intensément toute l’année, j’avais des acquis d’autres ultras qui me rendais confiant. Cependant je n’aurais jamais imaginé la finir aussi bien classé et surtout en moins de 7 jours. J’avais d’ailleurs réservé mon train du retour pour le dimanche en milieu de journée et je suis arrivé sur Mandelieu le jeudi soir. Cette RAF aura été forte d’apprentissage sur ma capacité à me faire confiance, à pouvoir m’employer sans en payer le prix cher le lendemain et je me sens de plus en plus confiant pour repousser mes limites. J’ai aussi beaucoup appris sur les besoins de mon corps et que le sommeil me permettait de rouler plus vite que les autres concurrents. C’est d’ailleurs un élément marquant dans le Top 20 je suis parmi les 3 coureurs avec le moins de temps passé sur le vélo au profit de pauses plus longues. La Race Across France est une aventure incroyable que je recommande, si vous souhaitez vous lancer un défi physique, humain, mental. Vous allez parcourir de nombreuses régions de France et redécouvrir ses splendeurs, vous challenger dans des cols mythiques et arriver les pieds dans l’eau au bord de la Méditerranée. Tout au long de l’aventure vous allez aussi faire de nombreuses rencontres enrichissantes et vous challenger individuellement mais également en équipe avec les autres participants. Lancez vous !

Sur le plan physique, la Race Across France m’aura laissé quelques traces avec un genou tendineux qui a nécessité quelques jours de coupures totale. En réalité c’est revenu très rapidement dans l’ordre et j’ai pu reprendre une pratique sportive sans contrainte. D’un point de vue fatigue, je termine cette RAF en plutôt bonne forme sans besoin excessif de sommeil. Je dirai que c’est surtout d’un point de vue alimentaire que je me suis senti le plus déréglé avec une faim à tout moment de la journée. On s’habitue durant la course à manger à n’importe quel moment de journée et le corps a besoin de temps ensuite pour remettre tout ça dans l’ordre. Sur cette course j’ai eu une déperdition calorique de 75000 calories pour une perte de poids de 3kg. Mais je dirais que l’éléments post RAF qui m’a le plus embêté est le syndrome du canal de Guyon assez sévère que j’ai eu. J’ai mis près de 2 mois à récupérer la mobilité et force dans mes mains et poignets. Je vous invite à découvrir on article dédié au syndrome du canal de Guyon si vous voulez savoir comment le diminuer.

Quelques photos par les talentueux photographes de l’organisation Edouard Hanotte, Jennifer Nguyen & Keryan Sorton

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Florian
Florian
Passionné de cyclisme et d'aventure à vélo, je vous donne tous mes conseils pour vous accompagner dans votre pratique du vélo que ce soit sur l'entraînement, la préparation, l'équipement. Egalement pratiquant d'Ultra distance en compétition, je vous partage tous les conseils nécessaire pour l'apprentissage de l'ultracycling. Et pour bien vous préparer je vous partage mes itinéraires préférés.

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